Feuille dessin

Julia Vargas : une artiste aux multiples facettes

Julia Vargas

Julia Vargas alias Jaya Cosmica est une des illustratrices principales du Mandala Lunaire. Au cours de notre voyage au Brésil, nous avons pu rencontrer et nous entretenir avec cette artiste aux multiples facettes. Ce portrait fait partie d’une série d’articles présentant ‘les femmes du Mandala’.

Nous sommes accueillies chez Jany, la maman de Julia, dans une vaste maison géodésique située au cœur d’un condominium (logement en copropriété) de l’ouest de São Paulo, la plus grande ville du pays. 

Née à São Paulo, lorsqu’elle a deux ans, sa famille déménage à la campagne, où elle intègre une école alternative et passe une enfance baignée dans l’univers hippie de ses parents. 

Passionnée par l’art dès son plus jeune âge, elle parle à 3 ans des bijoux qu’elle souhaite confectionner quand elle sera plus grande et affirme à 5 ans vouloir devenir une artiste. Elle nous raconte son parcours, sa connexion au Mandala Lunaire et sa mission de vie pour les femmes.

Julia Vargas

Comment es-tu devenue illustratrice ?

J’ai toujours eu un attrait pour l’art et c’est à la suite d’un stage chez mon cousin designer que j’ai décidé d‘étudier le design numérique dans une université italienne de São Paulo. Ma licence en poche, je suis partie parcourir le Mexique en sac à dos avec mon ami de l’époque. Nous avions très peu d’argent et vivions grâce aux peintures murales que nous réalisions pour des hôtels, des musées, des villes. Au fil des années, j’ai régulièrement voyagé grâce à mon art, y compris en Europe où j’échangeais mes créations contre le gîte dans un éco-village portugais.

Comment a débuté ta collaboration avec Mandala Lunar ?

C’est à la lecture de Women of Wisdom de Tsultrim Allione, qui explore et célèbre le potentiel spirituel des femmes dans le bouddhisme tibétain, que j’ai entendu l’appel et suis partie en quête de femmes sages pendant 9 mois. Transcendée par ces rencontres, j’ai commencé à me former en gynécologie naturelle et obstétrique auprès de sages-femmes. C’est aussi à cette époque que j’ai découvert le Mandala Lunaire.

En 2018, j’ai été invitée par l’autrice Morena Cardoso pour illustrer un album jeunesse sur les premières menstruations, intitulé « La petite fille qui devenait lune » (A Menina que virou Lua). Un an plus tard, les autrices de Mandala Lunar me contactaient pour illustrer la cinquième édition de l’agenda. Nous préparons aujourd’hui la neuvième édition ! Après plusieurs années de collaboration, je suis toujours autant touchée par les textes et par la manière dont les autrices (Naíla et Ieve) gèrent ce projet, avec respect et générosité. Ce livre est pour moi un espace sacré et accueillant pour l’introspection.

Les deux livres que tu as illustrés parlent des menstruations. Quel est ton lien avec ton propre cycle ?

Il n’y a jamais eu de tabou autour des règles dans ma famille. Ma mère en parlait ouvertement, elle saignait parfois même sans protection hygiénique. Adolescente, je n’étais pas très à l’aise avec cette idée ni vraiment connectée à mon cycle mais maintenant j’adore saigner ! J’aime regarder mon sang, l’offrir à la nature. Je me sens également très reliée au cycle de la lune et j’observe que mes menstruations arrivent à des moments clés de ma vie.

Que recherches-tu à transmettre dans tes illustrations ?

Le projet du Mandala Lunar est entièrement connecté à mes aspirations personnelles. En l’illustrant, j’espère redonner de la liberté et de l’autonomie aux femmes à travers la connexion au corps car nous vivons dans un monde qui instrumentalise et médicalise à outrance le corps de la femme. À titre d’exemple, au Brésil, le recours à la césarienne est presque systématique alors qu’elle ne devrait être utilisée que dans certains cas précis. 

Tout ce qui touche à la maternité et à la naissance me passionne et j’illustre ces périodes de la vie avec joie. La naissance est selon moi un moment sacré, une véritable expérience spirituelle qui permet à la femme de reconnecter avec son pouvoir sauvage et à la Nature. Je nous vois comme des portails permettant l’arrivée d’une âme sur Terre.

Mes illustrations sont également un moyen pour moi de souligner l’importance de protéger notre Terre Mère ainsi que les peuples autochtones, grands gardiens de la biodiversité et de ses plantes médicinales, et d’encourager les choix conscients en ce sens.

Dessin Julia Vargas
Illustration Julia Vargas

Tu facilites également des retraites de femmes, Guardiãs do Ventre (gardiennes du ventre), en quoi cela consiste ?

Oui. Dans le même esprit que le Mandala, ce sont des espaces sacrés et bienveillants que nous ouvrons pour que les femmes puissent partager entre elles et en profondeur. Le temps d’un week-end ou d’une soirée, on revient au corps par la danse, le mouvement, la musique, la méditation. On ouvre des cercles de parole, on s’écoute, on partage nos ressentis, nos sentiments, nos vécus. J’utilise aussi la « médecine du cacao » dont les vertus sont connues pour ouvrir le cœur. 

Chaque cérémonie est différente, je me laisse entièrement guider par mon intuition. Lors de la dernière, j’ai eu l’idée de mettre les mères au centre du cercle de parole, entourées par les autres femmes. C’était très puissant. Ces moments sont précieux dans une société si « masculine » qui laisse peu de place aux émotions.

Pendant ces rencontres, j’essaye de transmettre aux femmes que la beauté de nos corps vient de leur diversité. Pour cela, on peut expérimenter ensemble la nudité, avec pour objectif de la détacher de l’objectivation sexuelle et de se reconnecter au naturel, au sauvage.

Si tu avais un message pour les femmes, quel serait-il ?

Aimez-vous, aimez chaque parcelle de votre corps, surtout celles qui ne correspondent pas aux standards de beauté car ce sont elles qui en ont le plus besoin. J’ai appris à aimer mes vergetures, mes poils, mes cicatrices et mes premiers cheveux blancs. Essayez, vous verrez, c’est si libérateur ! 

Notre corps est bien plus qu’un objet de désir, c’est un temple, la nature à l’état pur. Et la nature est diverse, chaque plante est belle à sa manière. C’est aussi un outil incroyable avec lequel nous pouvons embrasser, danser, chanter, gravir des sommets et plonger dans les profondeurs des océans. Aimons et remercions ce corps merveilleux qui nous permet de ressentir, de créer et de vivre tant d’expériences.

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© 2022 Bleu Lune | Fait avec 💙 par Sarah Lacombe | Illustrations par Julia Vargas